Si passer entre deux personnes nécessite forcément de prendre en compte la largeur de notre corps, il paraît plus surprenant que l’on doive également prendre en compte la proximité affective qui nous lie  à elles. Dans une étude récemment publiée dans Perception, des chercheurs en psychologie du Laboratoire de Psychologie et Neurocognition (CNRS/Université de Grenoble) et du Laboratoire Interuniversitaire de Psychologie (Université de Grenoble)** ont ainsi observé qu’il existe un lien entre la perception de l’espace entre deux personnes et le sentiment de proximité affective que l’on éprouve envers elles.

Dans cette étude, 29 participantes devaient indiquer si oui ou non elles estimaient pouvoir passer entre deux mannequins projetés face à elles et sur lesquelles étaient disposés le visage de leurs collègues (voir le schéma de la situation expérimentale). Leur tâche était d’indiquer si oui ou non elles estimaient pouvoir passer entre les images de leurs collègues. Elles ajustaient ensuite la largeur de l’espace entre ces deux images afin d’indiquer l’espace minimum qu’elles jugeaient suffisant pour leur permettre de passer. Enfin, elles indiquaient dans quelle mesure elles se sentaient proches affectivement de leurs collègues. Les résultats indiquent d’une part que plus les participantes se sentaient proches affectivement de leurs collègues, plus elles avaient tendance à estimer qu’elles pouvaient passer entre elles. D’autre part, plus elles se sentaient proches affectivement de leurs collègues, moins elles avaient besoin d’espace pour passer entre elles.

 

Ces résultats suggèrent qu’il existe un lien entre la perception de l’espace entre deux personnes et le sentiment de proximité affective envers ces personnes. Un tel constat a des implications dans le domaine d’activités coopératives (e.g., travail, sports collectifs), comme dans la conception d’environnement (e.g., transports publiques). Une nouvelle étude est par ailleurs en cours au sein de la même équipe de recherche pour tenter de déterminer la nature du lien entre la perception de l’espace et les relations sociales.

 


Schéma de la situation expérimentale (P : participante, E : expérimentateur)  © Pion Eds

 

Référence :
Morgado, N., Muller, D., Gentaz, E., & Palluel-Germain, R. (2011). Close to me? The influence of affective closeness on space perception. Perception, advance publication online.doi:10.1068/p6830.

**Nicolas Morgado, Edouard Gentaz, Richard Palluel-Germain, Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition (CNRS, UMR 5105, Université de Grenoble)
Dominique Muller, Laboratoire Interuniversitaire de Psychologie (Université de Grenoble), Institut Universitaire de France