L'axe 2 Sociolinguistique, Acquisition, Multimodalité du laboratoire Lidilem organise un séminaire centré sur les relations entre communication et socialité, chez l'homme et chez les primates non-humain. Il se déroulera le 21 mars 2018 en grande salle des colloques, bâtiment Stendhal, de 13h30 à 15h30

13h30

Hélène BOUCHET, Lidilem, Projet Dylnet

Relation entre variabilité du répertoire vocal et système social : Etude comparative chez les singes cercopithécinés (Cercocebus torquatus, Cercopithecus campbelli, Cercopithecus neglectus)

La communication est essentielle au fonctionnement d’un groupe social. Il est donc légitime de penser que la socialité joue un rôle majeur dans l’évolution de la communication. Pourtant, les études comparatives testant l’hypothèse d’une coévolution social-vocal sont rares. Ici, nous avons étudié trois espèces de primates non-humains, d’une même sous-famille et toutes forestières, qui diffèrent par leurs systèmes sociaux contrastés, tant en termes de structure que d’organisation. Des enregistrements des vocalisations et des observations comportementales ont été effectués en captivité sur 14 mangabés à collier (Cercocebus torquatus) et 29 singes de Brazza (Cercopithecus neglectus). Ces données, couplées à d’autres portant sur 6 mones de Campbell (Cercopithecus campbelli), ont été analysées à plusieurs niveaux du répertoire vocal. Nos résultats dénotent d’un lien fort entre variabilité vocale et facteurs sociaux. Quelle que soit l’espèce, le rôle social d’un individu se reflète dans les types de cris qu’il émet préférentiellement, la richesse de son répertoire, ou encore sa loquacité. En outre, le contexte d’émission d’un type de cri, et son rôle-clé dans le fonctionnement social du groupe, influence son degré de variabilité acoustique et notamment son potentiel à transmettre un message identitaire. Enfin, un lien évident a pu être établi entre la taille, la diversité du répertoire, l’activité vocale et le degré de complexité du système social de l’espèce. Ainsi, nos résultats remettent en question la supposée fixité des répertoires vocaux des singes, et suggèrent une influence majeure des pressions sociales sur l’évolution des capacités communicatives dans la lignée Primates.

 

14h30

Heather BROOKES, université de Cape Town (Afrique du sud)

Towards a sociolinguistics with gesture: Gesture, performance, style and sociolinguistic variation

Current approaches to linguistic variation focus on the social meanings of spoken variables in the context of local styles. This paper takes a multimodal approach to the study of variation that includes gesture in the construction of style. While variation both reflects and constructs the social/ideological concerns in communities and may be a force for change, the question remains as to how linguistic features become indexical of social meanings and groups? What are the mechanisms of linguistic innovation, meaning making, change and spread. Analysing situated communicative practices of male youth in South African townships, I demonstrate that gesture is a key component of linguistic style. Gesture and bodily behaviour are key tools that young men use to create new semantic and social meanings for spoken features. Linguistic skill, particularly the use of gesture in competitive performances, leads to linguistic innovation. Uptake and spread depends on linguistic skill, persona and status in the social hierarchy of male social networks. These findings show that gesture and embodiment are an essential element in linguistic variation and they also challenge implicit assumptions in third wave sociolinguistics of neutral interactional spaces in which individuals have equitable agency in stylistic production and social differentiation.